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vendredi 8 août 2014

Le voyage de Zen raconté par Juliette

Voilà, je crois bien que c'est mon dernier article pour le blog. C'est pour ça que je vais essayer de mettre des mots sur ce voyage, ce projet qui me paraissait tellement irréel avant de l'effectuer et, à présent, ces souvenirs concrets, inoubliables et plus que tout, vivants.
Les amarres ont été larguées le 12 août (le départ était sensé être le 25 pour mon anniversaire mais comme on était prêts autant foncer direct), entourés de toute la famille et des traditionnels vacanciers de Kerassel. Les cornes de brumes chantaient, toute la famille était habillée «zenteam» et à présent, on allait être et vivre «Zenteam» pendant 1an. Je n'ai pas pleuré au départ (ce qui est rare chez moi) mais c'est en m’éloignant de mes terres connues que j'ai commencé à réaliser cette chance de la découverte. C'est juste au moment de lâcher le corps mort qu'au fond de soi, on se demande vraiment ce qui nous a poussé à partir. Moi je pense que pour partir, pour réaliser un rêve, il faut du courage certes, mais de l'envie surtout, oui, une envie qui nous entraîne à aller jusqu'au bout de son projet, quel qu'il soit. Alors c'était ça notre projet, vivre 1an sur un bateau pour découvrir ce que l'Atlantique allait nous offrir. Comme Stéphane nous a dit un jour : « le plus dur ce n'est pas de faire ce qu'on a décidé mais c'est de décider de le faire ».

Le golfe de Gascogne m'a paru interminable. C'était la première fois qu'on partait plus d'une nuit en mer. Pendant les quarts on jouait aux devinettes, on restait dehors à guetter chaque lueur.
Si je devais classer toute la partie Espagne-Portugal, je la classerai en 1er des visites culturelles. J'étais un peu déçue au début, je croyais qu'on allait sauter dans l'eau chaude tous les jours et rencontrer des milliers de bateaux en voyage. En fait, j'ai plutôt découvert quelle importance prenait l'apprentissage des langues pour se débrouiller dans le monde extérieur mais aussi la grandeur que chaque pays porte grâce à son histoire. J'ai appris à aimer l'architecture (le carrelage sur les murs, les églises...), les plats locaux ( particulièrement le jambon de la Corogne ), les populations ( toutes tellement accueillantes)... Mais ici encore, la monnaie restait l'euro, tout se trouvait au supermarché et les modes de vies restaient proches des nôtres.

Tous les bateaux le disent, il faut apprendre à vivre en espace restreint et avec n'importe quel équipage, c'est pas toujours facile. Moi je suis contente qu'on se soit pas « trop tapés dessus », c'est peut être justement en vivant serrés qu'on a appris à mieux se supporter. En partant cette année, question vie de famille, je n'y avais pas trop réfléchi. Par contre le CNED, je n'avais pas oublié de me poser la question. En préparant ma caisse de cours, j'avais déjà envie de commencer mes exos, de lire mes synthèses, de gribouiller dans la marge... Un cahier de cours neuf, pour moi c'est toujours attirant, jusqu'à ce que je commence à écrire dedans. Et bien ça s'est révélé encore plus vrai cette année. Mes livres étaient des trésors. Malgré cela, aux premiers exercices, j'ai eu envie de les jeter par dessus bord. Après avoir un peu arpenté toutes les matières, j'ai une nouvelle fois retourné la question et je me suis dit que ce n'était pas si terrible que ça. Il faut seulement s'habituer à être autonome (ça, ça allait) et concentré (par contre ça, c'était plus difficile). A partir du moment où de toute façon, tu sais que tu n'as plus le choix, tu te forces un peu et le reste suit. Mon tableau des 12 séquences de devoirs à rendre me paraissait interminable et c'est vrai que cette idée est restée plutôt longtemps dans ma tête.
L'art plastique, le français et l'histoire-géo me passionnaient, c'était presque un jeu. Je disais ne pas aimer les maths pour pester sur une matière (même si je ne trouve ça pas très distrayant). Malgré l'importance des langues, je trouvais leur étude difficile sans prof, sans action, donc l'envie était plus abstraite.

Reprenons le fil du voyage. La traversée vers Madère m'a semblée plus courte ( bien qu'elle soit plus longue en vérité). On a pêché notre 1er poisson, «THE DORADE CORIFENE».Il faut dire qu'on était particulièrement bon pour attraper les poissons suicidaires jusque là et qu'ils se comptaient d'ailleurs sur les dix doigts de la main. Je crois que rien n'a pu nous faire plus plaisir que ses beaux steaks (qui prouvaient que nos efforts n'étaient pas vains). Secrètement j'avais peur de ne rien pêcher du tout du voyage tellement on était nuls avant.
Madère gardait un petit air européen mais on commençait à sentir l'éloignement. On a pu partager plein de moments avec nos grands parents et découvrir l'île plus profondément avec nos amis locaux.
On a rencontré nos premiers vrais bateaux-copains. Je pense qu'au tout début d'un voyage il faut d'abord trouver son rythme, son équilibre et après chercher les codes de la rencontre et savoir les utiliser à sa façon.
Ensuite, direction les îles Canaries. Des fois, c'est le nom simple d'une destination qui fait rêver et on s'attend à en découvrir la vrai signification. La première île ( Grasciosa ) sur laquelle on a atterri réalisait en tous points nos attentes. On y est malheureusement resté qu'une seule nuit à cause des réparations à effectuer. On a donc passé 5 jours dans le «merveilleux» port de Porto Calero sur Lanzarote (avec à la clef: 1 jour de visite de l'île). Bien sûr très jolie.Et par la suite, 10 jours à Las Palmas en attente de pièces. Certes il faisait chaud, mais, quand on passe une semaine à faire du Cned dans sa cabine, ce n'est pas la chaleur qui nous motive. Ce qui est sûr ici c'est que les gros Allemands tous nus ne sont pas en voie de disparition!! Ce que j'ai réellement aimé dans cet archipel, c'est Fuerteventura. Sotavento: LE spot de windsurf. Des ailes de kite à l'horizon, les planches en ébullition autour du bateau, la mer légèrement ondulée et le vent qui entraîne tout ce beau monde... qu'est ce que c'est beau … ! Même moi, j'ai pu me mêler à cette horde avec ma petite 2,5m2. Je commençais à m'améliorer « en direction » mais, comme ça faisait plus d'un an que je n'en avais pas fait, j'ai un peu galéré. Tous les autres s'y sont mis et Papa s'est très bien débrouillé en tant que professeur et a tout défoncé dans le rôle de véliplanchiste. Ce mouillage était un paradis, mais le plaisir ne dure pas éternellement donc au bout de 2 jours: fini la récré!!!
Les Canaries: TOP 1 des réparations.

Destination prochaine: le Sénégal!!!! J'attendais cette escale comme un rêve que l'on va réaliser. C'est sûrement parce que c'est un terrain non connu, la vraie aventure!! L' Afrique noire, les djembés, le manioc, les boubous en tissu africain...
Le passage du Cap Blanc nous a apporté une sacrée chaleur, qui n'a plus baissée ensuite. Au CVD il y avait plein de moustiques et on prenait des cachets contre le palu une fois par semaine ( j'ai énormément de mal à avaler ces cachets donc heureusement qu'on avait cette formule et non celle à prendre une fois par jour).
On a bien sûr rencontré les mamas, les bricoleurs qui réparent n'importe quoi avec rien... Je suis vraiment contente d'y avoir trouvé l' « authentique » que je cherchais. Tout était sale par contre, la mer, la ville, mais comment dire... c'est l'ambiance!! La poussière, les charrettes, le monde, les animaux, les taxis délabrés et tous les vendeurs sur la rue, tout ça s' entremêlant dans le brouhaha des rues, me plaisaient encore plus. Mais après plus deux semaines, je n'en pouvais quand même plus, le fait d'attendre une pièce et de devoir rester contre son grè, ça donne envie d'exploser. On se sent comme enfermé par le temps qui passe. Au Siné-Saloum, c'était plus beau que je n'avais osé l'imaginer. On leur apportait pas grand chose à notre échelle, mais, pour eux, c'était tellement! On n'a pas l'impression de vivre à la même époque. Chez eux, c'est le moyen âge avec la 4G: ils jettent leurs poubelles n'importe où, l'épicerie et le lieu de culte (la mosquée là-bas) sont les seules activités du village...
J'y ai sûrement passé les moments les plus émouvants et instructifs de ma vie. Je pense que ce passage m'a grandi et appris des émotions que l'on ne peut pas expliquer.
Le Sénégal: TOP 1 des rencontres et du partage avec la population.

Le Cap Vert nous a beaucoup plus ouvert aux bateaux copains (particulièrement Mindelo). On a découvert une véritable diversité d' îles. En plus, j'ai pu faire de la planche, trouver le bon vent et le temps, c'est pas toujours simple, surtout à mon niveau. J'aime bien faire de la planche quand personne me regarde, j'ai moins peur de tomber, ou plutôt, moins besoin de faire attention à ne pas tomber.

Le 5 décembre, départ pour 15 jours sans voir la terre. J'ai aimé la traversée…..avec du recul. J'ai aimé l'expérience, le défi, la liberté d'avoir du temps... J'ai su m'occuper, ne pas être malade (on s'amarine bien avec le temps), et profiter!! Je réviserais maintenant la question du golfe de Gascogne qui m'avait paru si long.
La traversée: TOP 1 de la navigation hauturière (normal!!).
On a vécu des super fêtes de Noël à Grenade (malgré la météo). Avec nos amis venus nous voir c'était encore plus magique. Mais c'était pas encore l'image paradisiaque des eaux turquoises que l'on était venu trouver. Donc, je classerai cette étape TOP 1: des retrouvailles d'aventuriers .

Les Grenadines m'ont comblée: rencontres, eaux transparentes, nages avec les tortues, tête à tête avec les iguanes... Tout ce bonheur, il faut savoir l' apprécier, en profiter et s'en souvenir parce que ça ne s'emporte pas dans une bouteille.
Donc les Grenadines TOP 1 de la beauté des Antilles.

J'ai bien aimé la Martinique et la Guadeloupe parce que l'on a revu nos grands -parents et, de nouveau, les amis de France. Nous avons vécu des moments inoubliables avec chacun d'eux (et c'est pour cela que je les classerai TOP 1 de cette catégorie). Mais j'ai été déçu "touristiquement" (sauf Marie Galante et les Saintes). Si je devais revenir aux Antilles, je n'irai pas là pour la plage ni pour l'échange avec la population locale.

La Dominique restera une de mes plus extraordinaires escales du voyage, on a découvert un autre monde, une population qui se bat pour son île. Je crois qu'on a tous aimé cet endroit pour le changement, cette jungle et toute cette diversité qui nous a éblouis. Retour à Pirate des Caraïbes, Merci à Paul et James Bond, nos guides!!! TOP 1 de la nature!!
Je monte plus haut vers Antigua. Là-bas, c'est mon TOP 1 du windsurf parce que... ça y est j'accroche le harnais!!!!!!!!!! Et ça, c'est sûr, que je m'en rappellerai toujours!!! J'ai eu ensuite des ampoules pendant une semaine mais quand on aime, on n'a pas mal. Le spot était parfait, protégé pour le bateau mais très ouvert au vent sans trop de clapot. Après, on a retrouvé toute la bande des copains: trop G.E.N.I.A.L!!!!!
On a partagé Barbuda à deux bateaux, inoubliables nuits blanches (chuuut!!), body bord sur la plage, apéros... TOP 1 du sable blanc et de l'eau turquoise.
St Martin, c'est le TOP 1 du shopping (et du parachute ascensionnel avec Séba).

Les BVI, c'était une autre dimension du partage, pas du tout avec les locaux. En effet, on est partis à deux bateaux, on a été rejoints par une troisième famille, puis trois autres au fur et à mesure du temps. Volley sur la plage, immenses apéros-plages, fonds marins éblouissants, TOP 1 de tout cela réunis.

Les Turcs & Caïcos, c'est l'avant goût des Bahamas. Mais c'est le TOP 1 de l'eau la plus chaude.
Les Bahamas, c'est le plus bel endroit de ce voyage. Palette de turquoises, sans nuage, requins à gogos (ok ça c'est moins chouette), cochons nageurs, l'au revoir du côté caraïbéen... Je ne m'attendais pas à être déçue mais j'ai été plus qu' époustouflée, comblée, émerveillée... tout ce qui touche au bonheur. Cependant, la dernière semaine au port de Spanish Well m'a paru interminable. J'en avais marre de rester plantée là au milieu du rêve.
Les Bahamas reste mon TOP 1 du paradis, des bancs de sables, de la beauté en général, de la plus belle eau, du plus beau sable, j'en passe et des meilleurs...

La traversée retour m'a paru plus longue et moins aventurière. J'ai beaucoup rêvé «  aux restos » et à tous les bateaux copains déjà à Horta. Mais c'était pas mal quand même.
Aux Açores on a retrouvé presque tous nos bateaux copains. On a fait le plein de supers soirées, mangé comme on n'avait pas mangé depuis longtemps, partagé d'autres projets, d'autres expériences, d'autres découvertes... Je retiendrais de ce quai toutes ces peintures (dont la nôtre qui a à présent trouvé sa place), qui apportent une touche de chaque navigateur à un monde commun. Ici c'est bien sûr le TOP 1 des au revoir et de toutes ces rencontres qui ont marqué notre voyage et que l'on  n'oubliera jamais.
Et maintenant, c'est notre toute dernière semaine de nav'. Il faut savoir encore voir la magie tant qu'elle est encore là, dans les dauphins qui jouent dans les vagues, dans les soirées de rire et de musique, dans le calme paisible de la nuit, de savoir que l'on va bientôt retrouver nos proches et à tous ces instants aussi futiles qu'ils soient, que l'on n'oubliera jamais. Je ne pleurerai sûrement pas à l'arrivée non plus, même si c'est dur de dire au revoir à ce qu'on a découvert.
Je vais revenir seulement plus blonde qu'en partant, tout autant frisée, pas vraiment bronzée, je me serais ouverte, j'aurais appris à voir plus grand et à apprécier l'instant présent.
Après avoir écrit tout ça, je réalise la fin du voyage. On a parfois du mal à l'accepter ou on l'attend avec impatience, mais moi, je vais plutôt la prendre comme elle vient, clôturant en beauté cette parenthèse, retournant à la réalité que l'on appréciera maintenant différemment, (peut être plus qu'avant) et qui aura changé notre façon de voir nos projets, nos chances et notre cœur je pense. Les regrets ne servent à rien, c'est pour ça que je n'en ai aucun.
Sur mon podium le Sénégal et les Bahamas se partagent la première place. Bien qu'on ne puisse pas vraiment faire un classement puisque chaque destination a son charme, ses qualités et ses différences.
Je ne serais pas partie un an de plus parce qu'un an c'est parfait, on garde contact, on a le temps de profiter et c'est pas trop dur de continuer le rythme scolaire.Cependant les navigateurs qui partent des années sont pour moi des héros (mais après je trouve qu'on est un peu coupé du monde). Je vais m'arrêter ici, mais avant, j'ai envie de dire merci, même si ce n'est qu'un mot, il veut dire beaucoup. Merci à vous tous qui nous avez suivi sur le blog, à tous ceux que nous avons rencontrés, à tout ce que nous avons vécu et partagé, à tout ce que la vie a su et saura nous offrir...et surtout à toute ma famille à qui je ne l'ai jamais assez dit et je ne dirai jamais assez à quel point je les aime si fort et aussi à Zen qui nous a tellement tous rapprochés.

Merci à Nomade (Maxou: surfeuse un jour surfeuse toujours ;p ), à Petite Terre ( Louise: le chocolat, ça ne se discute pas hein!!!), à En Arbenn (Philou: mon sac à fromage préféré à jamais), à Mister Fizz (tHibauD et Claire: vive les rochers cocos, le crumble salé et la moustache pleine de peinture), à Criquet (il faut qu'on remette vite nos Times up-tartiflettes !!), à Okamaugo (Rennais en force!!! à Gus le plus chouette des pirates et Camille la plus belle des sirènes), à Paï-mé (le vernis c'est pour la vie!!!), à Cyrano (fais pas ci, fais pas ça; retournez quand vous voulez au restaurant les parents!!!), à Morgane ( divisé 1/3, 5 couleurs pour le ciel, 3 sous l'horizon...), Curieuse (suivez AZ, quai Horta), à Moon River ( trop chouette les poly pockets!!!), Daïsho (le secret des grands marcheurs, habiter au 4eme étage sans ascenseur!!!), Aventura (Allez la France!!!!!!!!), à Philao et Bubbule (pêcheurs dans l'âme), à Vaga (c'est grâce à vous qu'on pêche!! alors merci), à Zingaro (on cherche toujours internet), à Milo One (les parents ont bien aimé la piste de danse), à Speedy (Lou : pour nos pontons-discussions), Snoozle (à Vigo, à la Dominique ,que l'on n'oubliera pas), à Dragonera (we love Grenade and the ski), à Highland Breeze (vous ne lirez jamais ça, mais, votre bateau, on ne l'oubliera pas), à Sea Hunt (ba-ra-cu-daaaa), à Vixen ( you are the best in the treasure hunt), à Cataja (y'a des garçons de notre âge à bord??), à Yanneraud ( quand on veut on peut ) et à tous les navigateurs....

dimanche 20 juillet 2014

ET SI C'ETAIT A REFAIRE

Le blog, c'est un truc super quand on prépare un voyage en bateau, enfin, surtout le blog des autres. Mines d'informations pour la préparation, d'idées d'itinéraires et d'escales, on y passe des heures. Quand c'est à son tour de partir, on se dit que ce serait super d'en avoir un à soi, pour faire comme les autres, alors on les copie, pour partager un peu avec tous ceux, famille, amis, qui restent au port.
Et quand on a dit cela, on n'imagine pas encore qu'il va falloir écrire, sélectionner les photos, mettre en page, trouver un internet capable de charger les dites photos, bref beaucoup de travail, mais que nous avons eu plaisir à faire, souvent avec retard...
Pour finir ce blog aller jusqu'au bout de l'exercice, on voulait faire un court bilan, pour nous, pour vous, et pour que cette aventure ait un début, une fin...avant peut-être une suite !

Donc si c'était à refaire :

LE PROJET ET L'EQUIPAGE

Un an, c'est court, mais quelle joie d'avoir mené à bien en famille cette navigation atlantique. Nous en avions rêvé à 2, puis à 6, et on ne se dira plus jamais, « on pourrait le faire », voire pire, « on aurait pu le faire », mais ON L'A FAIT. Et je pense que tout le monde est heureux. Pas parfait, mais pas beaucoup de fausses notes pour cette ballade interprétée à 7, nous 6 et Zen.

On partirait un an plus tôt parce que le CNED après la seconde, avec les contraintes administratives, c'est trop chaud ! L'équipage avec des enfants grands, qui profitent à plein, qui sont de vrais équipiers, c'était top. Nous n'avons rencontré que très peu d'ados (après 14 ans), les familles partant avec des enfants très souvent en primaire. Pour un tel projet, il faut donc vraiment réfléchir en fonction des enfants, de leur âge, de leurs aptitudes scolaires etc...pour partir au bon moment. A savoir que le CNED, c'est un truc quotidien et que la réussite du voyage dépend en partie de la façon dont on arrive à le gérer. C' est une joie d'avoir réussi à ce que chacun passe avec succès l'échelon supérieur, mérite qui en revient aux enfants et à la volonté indéfectible de leur maman.

Sans aucun doute, on referait notre action avec VSF. Tout d'abord pour les rencontres en amont du voyage avec l'équipe dynamique qui agit sur le terrain à la demande des populations et non en imposant des solutions ou des biens. Cette action nous aura permis d'aller à Dakar, de rentrer en contact avec les habitants du Sine Saloum, région magnifique mais aux conditions de vie et d'isolement si dures. L'émotion des rencontres nous envahit tous encore alors que c'est une des premières étapes du voyage.

LE BATEAU ET LES CHOIX TECHNIQUES

Le même bateau, sans hésiter. Il fait partie de la famille, on lui parle pour l'encourager quand le vent monte et que les montagnes d'eau nous poursuivent. Il est clé dans la réussite, pour notre sécurité, mais aussi notre plaisir de naviguer, vite ou pas. L'outremer 45 a la capacité de faire 200 MN/jour ou d'avancer dans les petits airs, de remonter au vent, …..sans avoir un bateau surpuissant difficile à mener. Chaque choix de bateau est affaire de compromis et si l'on accepte le manque relatif de confort rapporté à la taille, sa sensibilité au poids, c'est un « excellent choix ».
Sans chercher à faire un bilan exhaustif, il faut que les voiles, les moteurs et le pilote auto soient au top. Il ne faut pas se laisser influencer, même et surtout par les pros, et ne pas négliger ce trio qui peut vite être infernal.
  • Le pilote, c'est clé. Donc, avoir des pièces en « Sper », courroie ou moteur hydraulique & électronique : on ne compte pas les discussions sur le problèmes de pilote, d'équipages contraints de barrer des jours en transat : c'est une question de sécurité comme le dit parfaitement Pierre Roland dans le dernier Voiles et Voiliers. L'idéal, c'est d'avoir deux pilotes!
  • La garde robe mérite un code zéro pour marcher vraiment vite dans le temps calme – on l'a rajouté, donc c'est fait. Le choix très discuté avec Pascal chez SEXTANT de ne pas mettre de corne sur la GV, était le bon. On part pour des mois avec le besoin de pouvoir bien étager les ris et toujours en garder sous le pied (C'est notre philosophie...). Il suffit de voir les a-coups dans la mature, GV haute au près avec une mer croisée, pour ne pas avoir envie de mettre plus de surface en tête de mat. Alors tant pis pour le look...et bravo pour la qualité des voiles : RAS sur 16000 MN.
  • Les moteurs, c'est Yanmar ou Volvo, et Yamaha pour le HB...mais nous on a un Honda. Elles sont les seules marques présentes partout dans le monde, ce qui n'empêche pas de partir avec toutes les pièces de rechange, les filtres, les courroies etc...On ne trouve pas grand chose sur le trajet si ce n'est à Las Palmas, à Grenade, au Marin et à Saint Martin (beaucoup moins cher qu'au Marin), si ce n'est des mécanos capables de vous aider...si vous avez les pièces...
    .
ET POUR LE RESTE, c'est souvent affaire de philosophie et de budget, mais en vrac :
Pour l'énergie, on conserverait le couple Hydro+panneaux solaires, en mettant un booster d'alternateur (ou petit groupe électrogène). Le dessalinisateur, on garde mais on trouve quelqu'un en France capable de le faire fonctionner et de poser le bon diagnostic. On peut faire sans, mais quel confort ! La machine à laver du bord, on garde, pour ne pas passer des heures au lavomatique. En couplant avec les Laundries que l'on trouve partout, c'est extra. La meilleure, c'est Fatou au Sénégal ! Une machine sous vide, c'est extra! Une plaque électrique pour sauver des bouteilles de gaz à la marina, un second frigo (MERCI pour le four transformé au dernier moment en frigo/congélo)...et on emmènerait plus de disques durs pour les photos et les échanges de films, des liseuses électroniques, on laisserait les équipements de plongée sauf un bloc en cas de pépin (pour l'ancre, carénage...) : il y a des clubs partout. Par contre, emmener des jouets : Paddle, Kayak (Il y en a des supers gonflables), planche à voile, Body board, ….et surtout palmes, masques et tuba au top !
On emmènerait plus : de dicos, de guides de cuisines, de livres pour reconnaître les poissons, de guides de voyages et de navigation A JOUR.

Et pour tout le reste, il faut des solutions simples et de références, tout tester avant, comme l'antenne WIFI USB qui ne marche jamais (préférer la Bad boy!). Nous, comme beaucoup d'autres, avons passés des jours et des semaines sur des problèmes techniques, en attente de pièces,...un an c'est tellement court, qu'il faut tout mettre de son côté pour perdre le moins de jours possible avec des problèmes qui prennent très vite la tête de tout l'équipage, avec une capacité à bien pourrir l'ambiance générale. Cela fait des escales en moins, comme pour nous la Casamance. C'est très C.. à dire, mais si c'était à refaire, on préparerait encore mieux. Alors les stages diesel, électricité...etc...à refaire, avec encore plus d'outils: j'ai tout utilisé !
Et pourtant, un jour, il faut aussi partir, parce que rien ne sera jamais vraiment prêt, et on sait que la bricole, ça fait partie de la vie du marin. Alors on repartirait le 12 Août, 20XX ?

L'ITINERAIRE ET LES ETAPES

Notre itinéraire était d'un banal,...mais c'est beau comme un classique, et permet de naviguer avec des équipages que l'on suit, que l'on retrouve. Les rencontres en mer et à terre restent le sel du voyage et ce n'est pas pour rien que le Sénégal est sur le podium. C'est certain que ce n'est pas à cause de la propreté de la Baie de Han.
Les bateaux-copains, c'est formidable : Vous partagez les mêmes rêves, les mêmes escales, les mêmes emmerdements...alors, en quelques minutes, vous pouvez être sur la même longueur d'onde, avec la même complicité que si on se connaissait depuis des années.
Mais une grande leçon vient des gens rencontrés à Terre. Radio mouillage vous dit parfois de ne pas aller là parce que c'est dangereux, mal fréquenté.... il faut faire le tri, faire très attention à des zones devenues dangereuses comme le Venezuela, mais en respectant les gens, en acceptant de jouer le jeu en leur confiant votre annexe, votre visite de l'île, en achetant quelques fruits... cela permet de découvrir plus et mieux et en évitant par exemple de louper de îles formidables et mal réputées, comme Saint-Vincent, La Dominique. Ces gens là, comme beaucoup d'autres, n'ont rien, donnent beaucoup et vous donnent une leçon d'optimisme qui manque tant à notre chère patrie.
Donc, on ne changerait rien sauf que l'on ferait la Casamance au Sénégal. Mais nous étudierions sans doute des trajets alternatifs comme descendre au plus vite pour aller au Brésil avant Noël, ou choisir quelques étapes dans les grandes Antilles, Cuba ou la République Dominicaine, ou aller à New York.....D'autres l'on fait et ça avait l'air top !

Il faut aussi avoir à l'esprit qu'un des bonheurs du voyage c'est d'y retrouver des amis et de la famille pour quelques jours. C'est aussi une vraie contrainte et il faut bien organiser le parcours et les retrouvailles pour de pas faire des allers-retours, vent contraire...bref, optimiser, et on s'est bien débrouillés avec tous nos visiteurs : merci d'avoir été là.

Si c'était à refaire, on ferait donc presque pareil, avec l'expérience d'un an de navigation en plus, permettant d'imaginer le bateau et ses aménagements, conformes à notre façon de vivre à bord.
Merci à Tous d'avoir partagé ces moments avec nous, en direct et via ce blog. C'est pas facile d'imaginer le retour, mais la plus forte motivation pour rentrer, c'est vous !



LA TRANSAT RETOUR : Açores-Golfe du Morbihan


Quai de Horta, lundi 8 juillet 2014, les gestes sont précis, rapides et coordonnés. Les amarres sont une à une retirées, seule la garde nous retient encore à la terre.



Juliette est à la bouée arrière, moteur tribord en marche arrière, encore lié quelques secondes par la garde, le bateau pivote doucement sur le plan d'eau lisse de la Marina. Ce quai que nous arpentons depuis un mois s'éloigne. Il est 10h du matin et nous quittons la dernière île de notre périple avant nos îles bretonnes et bientôt notre maison, notre famille et nos amis. Açores-Bretagne,1250 MN en ligne droite, est loin d'être la plus longue traversée, pas forcément la plus simple pour la mer et la météo, mais c'est la dernière pour cette boucle atlantique entamée depuis 11 mois. On veut en profiter, entre l'envie de pouvoir marcher demain sur la plage de Hoedic, puis bientôt embrasser nos proches et l'envie de continuer cette vie sur l'eau qui nous plaît tant. Le livre n'est pas refermé mais on entame la rédaction du dernier chapitre.
On mesure, ce matin de juillet, le chemin parcouru depuis le départ le 12 août dernier, tant sur la façon de mener le bateau, de faire les manœuvres : jeter l'ancre pour la 100ème fois, envoyer la GV ou prendre un ris, que de vivre ensemble pendant des jours, dans un espace confiné sans espoir de s’échapper. De tout cela, nous ne savions pas grand chose au départ, nous avons encore beaucoup à apprendre, mais tout le monde à bord a acquis suffisamment d'expérience pour que ce départ soit la promesse d'une belle navigation ensemble au long court.
On sait déjà que la météo devrait nous permettre de bien profiter en allongeant la durée sur l'eau, car on part dans la pétole la plus complète. Il nous faut contourner l'anticyclone installé sur le nord des Açores, puis remonter au près dans du tout petit temps avant d'espérer faire route vers le Golfe du Morbihan. Nous avons ce qu'il faut dans les soutes pour faire fonctionner le moteur 5 à 7 jours et se nourrir presque tout l'été, mais ce n'est pas une raison pour le passer sur l'eau.

Après une première journée au moteur, puis sous SPI, puis au moteur, nous touchons du vent et commençons à remonter, tangentant les calmes anticycloniques, en profitant de la puissance du code zéro, qui dans les petits airs, apporte, au près, un surcroît de vitesse épatant. On espère aussi voir des baleines, des dauphins, nombreux dans ces eaux. Tous ceux que nous croisons viennent et repartent, occupés sans doute à chasser, à moins que la couleur grise de notre antifouling guadeloupéen ne les repousse. Bref, Zen n'a pas beaucoup de succès avec les cétacés açoriens et on se réjouit déjà de retourner vers le golfe de Gascogne qui nous avait comblé l'an passé avec moult amis dauphins qui nous ont accompagnés très souvent.
La lente remontée est très propice. Propice à l 'énervement après 5 virements de bords nous ayant permis de ne pas progresser sur la route directe en 5 heures, propice aux petites réparations d'une monture qui vient de parcourir 15 000 MN et qu'il faut ménager car on veut aller encore loin, propice aux jeux de société, de cartes, à la lecture et au visionnage de films, propice à la cuisine car cette fois, pas de restriction de gaz, propice aux premiers bilans du voyage : des escales, du Cned, des choix techniques, des si c 'était « à refaire je mettrais quoi pour l'énergie » etc..., enfin propice aux discussions de « qu'est-ce qu'on fait t'on à la rentrée », les sujets collège, lycée et boulot, noyés dans l'eau chaude et turquoise des Bahamas, ressortent dans les brumes humides de l'Atlantique nord. Partage et complicité du bord, ces moments sont comptés, donc on en profite...

Ce n'est cependant pas une sinécure de rentrer par cette route maritime qui nous entraîne sous des latitudes que notre cerveau, ramolli par une température eau/air constante de 27°C, avait totalement oublié. Le choc est progressif avec l'arrivée aux Açores, sa pluviométrie bretonne et les brouillards à cacher le plus haut sommet du Portugal pendant des jours, puis l'anticyclone éponyme, que l'on imagine traverser sous une chaleur estivale et qui s'avère abriter des calmes plats maléfiques pendant lesquels on redoute à tout moment d'entendre le chant des sirènes, puis vous recouvre d'une brume humide et froide, alors que vous naviguez sur une eau si froide (16°C) que même le Gulf stream a renoncé à venir la réchauffer. Autre preuve si nécessaire : les poissons, ils sont partis. Pas de pêche, le poulpe rose, qui a tant pêché Seigneur ! n'est jamais courtisé. Fini les préparations de poisson cru, on garde le citron pour se faire des grogs ! Bref, candidats aux voyages, ne faites pas la même erreur que ZEN, qui depuis les Caraïbes, se gèle dans les eaux quasi polaires de l'Atlantique en remettant le chauffage pour faire disparaître l'humidité et la froidure : mettez le cap à l'ouest ! On nous a dit qu'il existait un petit passage que Ferdinand de Lesseps avait, en son temps, tenté de creuser et qui permettrait d'aller dans des eaux si belles que la décence m'interdit ici de décrire, sachant que la grande majorité de nos lecteurs, comme nous-mêmes, n'a plus que quelques jours à vivre avant que le blizzard ne vienne à nouveau recouvrir les landes bretonnes, plongeant les populations dans ce que d'aucuns appellent l'hiver, période difficile que nous n'avons pas rencontrée depuis 1 an, sans que cela semble nous manquer, sauf pour le Ski....mais je m'égare.
Le 11 juillet, nous arrivons enfin dans une zone de vent portant, permettant de remonter honorablement par 10/15 nds vers 47 de latitude nord, soit à hauteur de la Bretagne. Nous renonçons à faire encore plus route au nord, jusqu’à la latitude de Falmouth ! 1/ parce que ça fait beaucoup de route en plus pour aller chercher du vent et 2/ c'est dur pour le moral de se dire que l'on fait cap sur une île qui, certes, fait partie du Commonwealth, mais dont les eaux sont froides et les pubs pleins de rosbifs. Compensation, c'est chouette d'avoir sur la carte de l'ordinateur, le contour de la Bretagne comme prochaine destination, alors que depuis des mois, chaque destination était une inconnue, une découverte. A me relire, je ne suis plus si certain de classer cela dans les avantages....
Le vent bascule au sud ouest, jour de fête nationale et nous empannons, cap à l'Est et entamons les 400 derniers miles de notre aventure familiale.
L'hydrogénérateur a décidé de ne plus produire cette énergie qui assurait plus que notre consommation, permettant tous les excès de lumière, d'ordi etc... le câble, en partie sectionné par le support et réparé hier en est peut-être la cause ? (mais il y a du boulot chez Watt & Sea pour améliorer tout ce qui entoure la super génératrice, comme la mise à l'eau de l'engin, la protection du cable …). Ceci rejoint la sangle de GV en partie déchirée, le bas du solent usé par le raguage, ou l'antenne VHS à nouveau décrochée...

Usure des semaines de navigation qui nous invite à des heures de bricolage et de remise en état à chaque escale: maintenant, nous devrions avoir le temps, la prochaine est la plus longue.....
Cette nuit, et pour la première fois depuis des jours, l'AIS montre plusieurs navires amis sur l'écran, même un voilier Rosbif rentrant au pub ! Le rail d'Ouessant et la terre bretonne se rapprochent, même si l'odeur de la lande foulée par les korrigans, qui se réchauffe avec les premiers rayons du soleil, ce n'est pas encore pour tout de suite. A l'aube, la mer est lisse, la houle longue et faible et le soleil tente une percée à travers la couche de stratocumulus qui nous protège de ses rayons presque toute la journée. La bateau glisse sous genaker à 5,5 Nds pour 6,5 de vent réel quand les dauphins, les sympas du Golfe de Gascogne, viennent nous saluer, restant 30 mn, jouant avec le bateau : c'est un peu comme le bleu des Bahamas, il faut garder ces images au fond de notre rétine, pour réchauffer nos cœurs dans le blizzard à venir.


Le vent finit par s'échapper et nous continuons au moteur sur une onde lisse. Ewen monte en haut du mat pour refixer l'antenne dévissée, nous essayons toutes les voiles possibles, pour se résoudre à préparer le code zéro pour les jours à venir au près et passer le rail d'Ouessant au moteur. Le trafic s'intensifie sur l'écran et c'est une autoroute de véhicules de 100 à 300m que l'on croise bientôt. L'AIS est formidable dans ce contexte, nous donnant la position, la vitesse et le cap (et aussi l'âge du capitaine) au m près. Une fois traversé l'autoroute, on s'attend à un peu de vent de près, léger et très vite du portant, trop cool. Mais c'est pendant 12 heures un vent contraire, que nous enregistrons jusqu'à 25Nds, et une mer formée, contre nous, qui nous cueille à froid (très froid même...). Il faut donc lutter face au vent, le bateau est secoué, a beaucoup de mal à garder un près serré dans ces conditions. A tel point que j'appelle le Sémaphore de Belle-île pour savoir s'il n'y a pas un changement dans les prévisions que je n'aurais pas vu venir, genre tempête tropicale venu se refroidir sur nos côtes. Et en fait rien, il n'y a qu'à réduire la toile, tirer des bords et attendre que la prévision se réalise.
Au petit matin, la mer s'est calmée, le vent est tombé et c'est bientôt le phare de Groix qui nous annonce l'arrivée prochaine, une des dernières bouées de parcours, promesse d'une transat réussie et de la fin annoncée de notre navigation familiale autour de l'Atlantique, bonheur d'avoir mené ce projet au bout, joie des retrouvailles et pas pressés de mettre le pied à Terre. Le bateau glisse sur l'eau, le courant entre la Teignouse et Belle-ile nous porte, tout le monde dort. Je profite, seul sur le pont ce matin, de ces moments de lever de soleil, de pêcheurs matinaux, de ces mouettes venues nous saluer, de la sensation merveilleuse d'avancer dans le calme, à 6 nds par 6 nds de vent. ZEN me ravit, encore. Il aura été solide hier dans la tempête, rapide dans le souffle matinal, il arrive plus en forme qu'il y a un an (Nous pareil!) et pour nous tous, il aura fait un « sacré boulot » !!! J'en profite, à Donf....
Hoedic est face à l'étrave. 12 Aout 2013-18 juillet 2014 : La ZenTeam est de retour, avec un petit sas à Hoedic, d'où nous étions partis il y a un an. Nous n'étions pas là depuis une heure quand les Douanes nous rendent visite. Un avion nous a survolé quand nous sommes rentrés dans les eaux territoriales françaises et ils nous attendaient.
Nous profitons de cette journée pour se baigner (Aie, 16°C!!!), ranger, laver...tout en surveillant d'un œil les plaisanciers qui arrivent dans la baie avec l'envie de mettre l'ancre juste à côté de nous : dire qu'aux Bahamas, on avait 3 kms de plage pour nous tout seuls.
Nous levons l'ancre à 6h30 pour rentrer dans le Golfe avec le flot. Le soleil se découvre, le paysage grandiose et nous mettons notre grand pavois à nous (Tous les drapeaux des pays traversés) et nos T-Shirts confectionnés par Juliette pendant la traversée.


Nous pouvons ainsi faire honneur à notre comité d’accueil, qui se trouve sur la pointe de Bilgroix, juste après Port Navalo. Instant émotion. Nous nous offrons un second passage pour le plaisir, pour repartir bien vite, poussés par le fort courant à cet endroit.





Nous nous accrochons à la bouée, heureusement nettoyée la veille par le port du Logeo : merci Philippe. Pierre-Yves vient nous saluer, lui qui était venu nous accompagner en bateau à notre départ l'an passé. La boucle est vraiment bouclée, nous refermons ce livre, sorte de tome 1 de nos aventures maritimes...plus qu'à rêver au tome 2.

Avant cela, nous avons hâte maintenant d'embrasser la famille et de remettre un pied sur la Terre Ferme.

dimanche 6 juillet 2014

Les Açores

Encore remplis du bleu et de la chaleur des Antilles et des Bahamas, nous avons été surpris par la fraîcheur, l'humidité et par conséquent le vert de cet archipel. Notre séjour au milieu de l'Atlantique a commencé par une semaine de bruine, pluie, froid.....un avant goût de la Bretagne. Nous apprécions le luxe de notre chauffage !
Comme tout retour de transat, une remise en état du bateau s'est imposée. Le plus gros travail fut le nettoyage des cuves à gazole, le changement des filtres et pré-filtres. En effet, du mauvais gasoil ou un développement bactérien empêchait les moteurs de fonctionner correctement. Comme à Grenade, nous sommes arrivés avec un seul moteur, mais avec l'expérience acquise, Guillaume a pu réparer sans difficulté. Il se serait quand même passé de 3 jours dans les cales moteur et le nez dans les cuves à gasoil.
A Horta, passage quasi obligé entre l'Ouest et l'Est, nous avons retrouvé beaucoup de bateaux-copains, que nous avions rencontrés lors d'une seule escale ou avec lesquels nous avions navigué pendant plusieurs mois. Juliette et Solène ont repris leur activité de ponton : la pêche pour Solène et le bricolage pour Juliette avec un peu de shopping dans cette petite ville où les grands bazars chinois alternent avec les merceries. Ewen, avant de s'envoler avec une certaine nostalgie vers la France, relit ses œuvres pour le bac.

La principale occupation des filles fut la conception et la réalisation de notre logo sur les murs de ce port où tout navigateur faisant escale après un plus ou moins long voyage, vient conter ses aventures au Peter's café sport, autre institution dans ce port.

Nous passons d'excellentes soirées avec Curieuse, Milo one, Mr Fizz, Vaga, En Arbenn, Petite Terre, Cyrano...tous ravis de leur année en bateau et rêvant déjà à de nouveaux projets sur l'eau à plus ou moins long terme.
Nous guettons une fenêtre météo pour visiter l'île voisine, Pico, et son volcan le Pico. Cette montagne ne se laisse pas voir facilement. Du haut de ses 2443m, c'est le point culminant du Portugal.
Nous partons donc 2 jours avec Muriel, Michel et Louise, en navette, découvrir cette île où l'on cultive les vignes dans des micro parcelles entourées de murets, nous faisons plusieurs petites ballades le long de la côte appréciant ces maisons construites en pierres noires, ces champs magnifiquement cultivés. Nous terminons nos deux jours par la visite du musée de la baleine, pêche restée toujours artisanale et arrêtée en 1984.
Aujourd'hui, le « whales watching » a remplacé la pêche.

C'est avec Thomas, le frère de Guillaume, que nous allons découvrir Faïal. Nous nous dirigeons tout d'abord vers le cratère, cercle parfait entouré d'hortensias qui attendent un peu de chaleur pour éclore, puis nous pique-niquons dans un espace forestier superbement aménagé et propre. Nous avons des leçons à recevoir des Portugais. En effet, tous les espaces publics sont impeccables, tables, barbecues, sanitaires....
Ici, la campagne est verte, hormis les routes forestières, en terre volcanique rouge et bordées d'hortensias et d'agapanthes. Nous avons tous une pensée particulière pour Papé, spécialiste de ces fleurs, et aussi parce qu'à chaque virage, nous pouvons apercevoir des vaches dans des prés à la vue imprenable sur l'océan.
Nous nous arrêtons ensuite à Ponta Dos Capelinhos, lieu de la dernière manifestation volcanique de l'archipel en 1957-58 qui a vu naître une nouvelle terre. Endroit désert sur cette île si verdoyante où un magnifique musée consacré à la création de l'archipel, de la terre, à la tectonique des plaques.... architecture moderne et semi enterrée, panneaux et films très bien réalisés. Ce projet européen mériterait d'être traduit en plusieurs langues afin que les enfants en profitent pleinement.
Pour terminer la journée nous tenterons une baignade dans une piscine aménagée dans les rochers, spécialité de ces îles où il y a peu de plage. Cependant l'eau est très fraîche, enfin comme en Bretagne, mais nous ne sommes plus habitués.
En 2 jours, nous ferons le tour de l'île appréciant ses verts pâturages et ses vallons.

Voilà 3 semaines que nous sommes à Faïal et nous sommes contents de larguer les amarres pour Sao Jorge, île située à 20 miles. La mer, très calme, nous permet de profiter des nombreux dauphins qui peuplent ces eaux, mais pas encore des baleines.
Nous arrivons à Velas, petite marina superbement entretenue et avec un internet qui marche au bateau, quel luxe! Le soir même, nous profitons de la Saint Jean, organisée dans le village, procession de Saint Jean Baptiste, fanfares, messe, repas servi pour tous au milieu de la rue. Au menu : soupe de légumes, sardines et lard grillés, pommes de terre bouillies, fromage et pain, tout cela à volonté et offert. Puis, à la nuit tombante, envol de mini-montgolfières chauffées à la bougie, tradition de ces îles. Au coin d'une rue nous écoutons des chants folkloriques accompagnés à la guitare, accordéon, castagnettes, tambourins...puis Solène et Juliette s'entraînent à planter des clous dans un tronc d'arbre, il faut encore un peu de temps pour participer à Fort Boyard.
Quelle convivialité de ces habitants !
Cette île, toute en longueur, tire ses revenus principalement de l'agriculture et en particulier de la fabrication de son fromage de vache. Nous découvrons donc une île très verte où les hortensias sont plus fleuris, avec des à pic plus impressionnants que sur Faïal. Nous faisons une magnifique ballade qui traverse l'île du nord au sud. Nous la faisons tout en montée, dur-dur pour les jambes....Nous ne pourrons pas apprécier la pointe ouest car ici le temps très changeant avait viré dans l'après midi.
Le retour se fait sous voile, pas de dauphins cette fois ci.
Thomas reprend son vol dès le lendemain après avoir fêté comme il se doit son séjour chez Peter's.

Nous reprenons notre vie à Horta, comme de vieux habitués. Le port s'est nettement vidé. Nous avons la joie de faire mieux connaissance avec Cyrano, premier bateau-copain que nous avions rencontré à La Corogne, aperçu à Mindelo.... et à l'AIS, sans jamais se retrouver outre Atlantique alors que nous avons fait, après débriefing, exactement le même voyage. Apéro, repas, balades....tout cela s'organise bien vite. Solène a trouvé des copains avec qui jouer et Timéo, sur Cyrano, a trouvé en Juliette et Marine deux baby-sitters de choc. La vie passe vite, et on aura passé un bon moment avec eux, même si on aurait pu s'y prendre plus tôt, comme aux Turks et Caïcos, où nous nous sommes encore une fois magnifiquement...loupés !

Cyrano repart vers la Bretagne et nous, vers Graciosa, confetti d’île au nord du Groupe Central. «Petite par sa taille et grande par son hospitalité » avait dit le grand père de l'actuel prince Albert de Monac', et fichtre, qu'il avait raison. On y arrive en ferry, pour ne pas faire un AR au moteur par faute de vent. Le ferry assure les liaisons inter-îles et donc, avec lui, on les refait toutes, sauf Terceira ! Nous logeons dans un moulin, réhabilité en gîte. 

Un peu petit pour 5, les filles se retrouvant à partager un matelas pour 2...à 3.Mais qu'importe, c'est propre, moderne, et une bonne base de départ pour visiter la petite île. Ici, on parle moins anglais qu'ailleurs, et nous, toujours pas Portugais malgré nos nombreuses escales au Portugal, à Madère et aux Açores. Alors on se débrouille, on visite un gouffre impressionnant au milieu d'un cratère, de jolis panoramas avec des vaches, hortensias, moulins, murets de pierre qui courent le long des vallons... Nous achetons du vin à la coopérative agricole, moment d'anthologie dans des locaux qui, une fois n'est pas coutume, paraissent à l'abandon. Le vin est excellent, meilleur que celui de Pico. La fille nous fait visiter, avec le sourire et commentaire 100% portugais ! et finit par nous proposer de nous servir de guide dans l'île : quand on vous dit que cette île est hospitalière! Deux petits jours et nous retournons voir notre ZEN pour les dernières courses, les derniers préparatifs. Ewen nous rejoint après avoir passé son bac de Français, orienté vers lui cette année sur la poésie : il adore..mais les épreuves sont passées, tout le monde, copains et famille, s'est mobilisé pour lui permettre d'être présent le jour J : Un grand Merci !

Voilà l'équipage reformé, le bateau est prêt. Nous partons lundi 7 juillet, sans beaucoup de vent pour le départ, objectif la Bretagne pour boucler la boucle, terminer l'année dont nous avions rêvé, avec l'impatience de vous retrouver et le petit pincement au cœur du rêve qui se termine...

ZEN va retrouver sa bouée au Logeo, on va le bichonner comme il le mérite....pour qu'il soir prêt à repartir....l'aventure, on y a tous pris goût ! 

dimanche 29 juin 2014

LA TRANSAT RETOUR : Bahamas - Açores

Après une semaine passée à Eleuthera à bricoler, faire les courses, attendre le boîtier de l’anémomètre mais surtout un bon créneau météo, nous partons enfin pour la transat retour !! Tout l'équipage est bien prêt !!
C'est toute une aventure que l'on quitte, une autre page qui se tourne et des moments gravés à tout jamais. 
21 mai, 16h15, on lâche les amarres de Spanish Well, dernier souvenir des Bahamas. La mer est encore turquoise mais les vagues arrivent bien vite. On monte la GV et ...c'est parti pour l'aventuuure !!! 
Les quarts commencent, les activités du bord aussi, personne n'est malade (on triche un peu avec des cachets mais chuuut!!!). On essaie de filmer un journal de bord, chaque soir deux d'entre nous se posent pour faire le compte-rendu de la journée. On raconte la météo, les repas, les anecdotes, et bien évidemment la pêche, principal effort de la journée !! Les eaux de l'Atlantique sont fructueuses cette année !! Cependant, on ne mettait les lignes à l'eau qu'un jour sur trois pour ne pas faire d'overdose mais surtout de stockage (le poisson frais, c'est meilleur). On a attrapé 2 belles dorades coryphènes de plus d'1m15, un beau thazard tout rayé et enfin un tout petit poisson trop mignon et très bon !! J'envoie aussi un petit clin d’œil à Nomade à qui l'on doit de super recettes de poissons crus !! et un grand merci. 

Ewen et Papa ont bien pris le coup de main pour la canne et le « détrippage » et Maman pour l « éminçage » du ceviche. On se régale !

Niveau météo, la première partie du trajet jusqu'aux Bermudes a été assez peu ventée, et donc plus longue que nos prévisions. Puis nous avons bien avancé jusqu'aux Açores, rejointe en 10 jours depuis les Bermudes. Des navigateurs américains, à Spanish Well, nous avaient communiqué les coordonnées de Chris Parker, un météorologue proposant une aide au routage, avec des prévisions personnalisées. Face à l'instabilité météorologique de la zone, Papa a décidé de confronter ses choix à ceux d'un professionnel. Il nous a donc conseillé et informé tout au long de la transat. Référence à garder, car vraiment pro. La température a fraîchi de jour en jour mais il n'a pas beaucoup plu (heureusement!!).  Malgré la faible hauteur des vagues (contrairement à la traversée aller) celles-ci étaient par contre assez désagréables, car elles arrivaient de travers.
En résumé, nous avons pas mal navigué au près (vive le code 0), passé 3x12 h de moteur...slalomé entre fronts froids, orages et calmes plats, notre moyenne a été de 5-6 nds sur la première partie et 7-8 sur la deuxième.
Ce qui était aussi super sympa c'était d'avoir les mails réguliers de Mister Fizz, qui « transatait » en même temps que nous!! Et bien sûr ceux des proches !



Comme à l'aller nous avons regardé beaucoup  de  films surtout pendant les quarts. Ewen et Marine se sont visionnés les Star Wars, Maman et moi les Harry Potter, parfois avec Solène. 

Je ne crois pas qu'on ait fait le décompte du nombre de films vus cette fois ci , mais ça reste un joli score je pense!! Quand ça allait  bien, ou le soir après le dîner, on était plutôt jeux de société: mille bornes, wist, scrabble (sauf quand ça tapait en dessous de la nacelle, parce que toutes les lettres se re-mélangeaient ...), belote.. mais hélas oui, on n'a même pas  joué au times up!!! Je crois que les motivations de l'équipage changent en mer!!
Ewen a travaillé son bac comme il pouvait!! et non, plus de CNED pour les filles: le bonheur!!!!!! En fait, avec Maman et Marine, on s'était engagées à apprendre 5 verbes irréguliers en anglais par jour, mais bon je crois que ça n'a pas duré plus de 2 jours et demi.

Papa a dit que nous avions une chance incroyable, qui ne se reproduirait sans doute plus jamais : à savoir, passer 3 semaines de vacances tous les 6... autour d'une table dans un canapé!! Et oui, c'est vrai, à part les tours de gardes, nous étions essentiellement dans le carré.

On a eu peu de visite pendant la transat, bateaux comme mammifères. On a quand même vu beaucoup d'oiseaux et des algues, les fameuses sargasses, qui viennent en permanence se prendre dans l'hélice de l'hydrogénérateur!! Les dauphins sont apparus trois fois, mais ils étaient super furtifs!! Leurs ailerons sortaient une, deux fois et hop, partis !!
Cependant, alors que toute la famille était installée tranquillement dans le carré, un de nous sort la tête et SURPRISE!! Un énorme porte-conteneur se tenait à moins d'un kilomètre, c'est tellement gros ces bestioles qu'on l'aurait plutôt cru à 100m !! Papa l'avait vu à l'AIS, mais elles avancent vite aussi, ces bestioles et il lui a fallu peu de temps pour nous rejoindre!! C'est bizarre, on est beaucoup plus attentifs la nuit que le jour sur la surveillance des autres bateaux. 

La cuisine occupait encore pas mal notre temps mais le gaz était plus limité qu'à l'aller. On a juste fait moins de gâteaux et de pains et utilisé la plaque électrique, merci à l'hydrogénérateur et au compresseur portatif. Aux Bahamas on a trouvé beaucoup moins de fruits et de légumes qu'au Cap Vert. La machine sous vide et la pêche nous ont quand même permis de manger du frais, ce qui changeait des pâtes !!  La nouveauté de cette transat, et notre repas favori, a été les fajitas mexicaines (et on en a mangé trois fois, quel délice!!).

La préoccupation principale restait (et évidemment) la navigation et les manœuvres. Grâce aux divers conseils des marins rencontrés et à l’expérience acquise au cours du voyage les manœuvres étaient plus précises et rapides. En plus, maintenant, tout l'équipage sait ce qu'il faut faire !! Quelques petits détails nous ont aussi aidés à gagner de la vitesse (par ex, le blocage des hélices...).
Nous sommes donc arrivés à Horta le 9juin à 6h50 (du matin), après 18 jours de mer et presque 3000 MN. On était « trop » contents de retrouver plein de copains, Petite Terre, En Arbenn, Vaga,... les nuits à plat et …..........les vaches!! On a aussi découvert le mythique «  Peter's café » (ce qui n'est pas peu dire parce qu'il faut faire au moins 1000 miles pour y arriver!!).
Les soirées ont vite commencé et la fatigue de la transat a été aussi vite effacée et remplacée par celle des apéros et soirées!!

Petite note personnelle :

Si je devais choisir entre cette traversée-là et l'aller, je choisirai...l'aller !!! (Si vous interrogez le reste de l'équipage, ils vous diront peut-être le contraire.... )
Les vagues étaient plus rudes et la navigation plus difficile mais c'était l'aventure, la première fois, la découverte !! En plus on avait Noël à la clef (ce qui m'a donné pas mal d'activités manuelles). Et puis on allait découvrir les Antilles et le vrai soleil, ce qu'on attendait en partant cette année !!
Ici, à part les bateaux-copains, Peter's, de nouveaux paysages à découvrir, ça annonce quand même le retour...


Juliette

mardi 20 mai 2014

TURKS & CAICOS et BAHAMAS

Turks & Caïcos, Bahamas, des noms magiques ou inconnus qui nous ont offerts des moments …. magiques. Tout d'abord après 4 jours de navigation depuis les BVI nous sommes arrivés dans l'archipel des Turks and Caïcos. Avant notre départ de France, nous savions à peine qu'un tel pays existait et c'est en se penchant sérieusement sur les cartes marines que nous en avons appris un  peu plus sur ces îles, où il y a quand même un club Med, destination plongée, car  les fonds varient de 1m à 1000m. Ce sont les BAHAMAS, avant les BAHAMAS. Cela pourrait faire partie des FAR BAHAMAS, comme on dit ici, sachant que l'éloignement se mesure à partir de MIAMI, les plaisanciers étant principalement américains et en motorboat. 

TURKS AND CAICOS

Contrairement aux BVI nous avons trouvé des mouillages où nous étions seuls, à la Robinson Crusoé. Notre première escale fut à Big Sand Cay, comme son nom l'indique, c'est une super plage de sable fin, côté lagon, plus rocailleux et dur sur la côte au vent. 

Un bon repos après cette navigation de plusieurs jours, habitude que nous avions perdue depuis la transat, pour faire ensuite un saut de puce vers un autre bout de terre « uninhabité »: Fish Cay. Entre ces deux micro îles, nous traversons   the « Whale Channel », lieu de passage des migrations des baleines où les fonds remontent de 2500m à 3m en moins de 2 MN et nous espérons bien voir un de ces beaux spécimens. Et ce qui devait arriver arriva, d'un peu trop loin hélas, nous apercevons une baleine qui bat l'eau avec une de ses immenses nageoires latérales, puis elle effectue un énorme saut en arrière. Est-ce la présence d'un bateau à moteur qui l'a fait fuir ? Après quelques minutes et quelques jets, elle disparaît. Nous restons ébahis par ce spectacle et nous espérons qu'il se reproduira lors d'autres navigations. 
Nous mouillons sur cette petite île déserte. Marine et Cécile partent à la nage rejoindre la plage et découvrir les belles patates de corail. A peine arrivées, le reste de la famille les rejoint et leur annonce qu'ils ont vu au ras de la plage un beau requin. Les futures baignades seront plus rapides, allez donc savoir pourquoi !!!
En marchant dans l'île, nous allons surprendre un iguane, une très grosse espèce d'échassier, des rapaces, et les « mouettes » locales dont les ailes si blanches reflètent le bleu du lagon. 
Au petit matin, à peine le soleil assez haut pour voir le fond, nous levons l'ancre car nous avons 40 milles à faire dans 1m à 3m maximum d'eau. Une première pour nous, vive alors le cata et ses 80cm de tirant d'eau. Les lignes sont à l'eau et nous pêchons un Grey Snapper, genre de belle Dorade...puis des baraccudas en rafale. Le souci, c'est qu'on ne peut pas les manger, au risque d'attraper la ciguatera. Donc au troisième, on arrête...parce qu'allez donc retirer l’hameçon dans la gueule du bestiaux, pour le remettre à l'eau, après une demi-heure de bagarre !
Nous arrivons à bon port dans une petite marina tenue par un canadien, très heureux de recevoir une famille, lui qui n'accueille que des couples retraités américains. Tous les services sont présents même la conduite pour aller chercher Marc à l'aéroport ou pour faire le ravitaillement. 
Avec notre nouvel équipier expérimenté, nous repartons pour les Bahamas, mais avec une dernière escale à l'est de l’île de Providenciale, avant de quitter les Turks and Caïcos. Nous nous baignons dans l'eau la plus chaude rencontrée, snorkeling le long des rochers, desquels nous avons une vue splendide sur tout le lagon.

BAHAMAS

Nous sommes aux portes de Bahamas et nous parcourons, toutes voiles dehors, les 40 miles qui nous séparent de Mayaguana, l'île la plus à l'est, sur le passage des plaisanciers venant des iles caraïbes. A peine arrivés, Marc et Guillaume partent faire notre entrée aux Bahamas et en guise de capitainerie, un hamac, le bureau des douanes possédant tout de même un toit. La capitale de l'île se résume à quelques maisons, un bar, une épicerie , trois églises...et des gens sympas, mais pas bousculés. On rencontre un gars qui nous amène aux « customs », puis va nous ramasser des noix de cocos dans les arbres au-dessus du hamac : No stress, mais rien à faire à part la pêche. Il existe bien un bureau officiel pour faire notre clearance. Cette île est une ancienne base de missiles américains (n'oublions pas que nous sommes très près de Cuba!) et bien qu'il y ait peu de choses, le lagon est totalement cartographié, chaque caillou est sur la carte, alors que des zones immenses dans les Bahamas sont très approximativement répertoriées...l'US NAVI a fait du beau travail ! Nous faisons les papiers et nous nous acquittons de la donation pour le voyage des enfants de l'église : le bureau des Customs, c'est top pour faire la quête !!

Sur les conseils de Wixen, bateau canadien qui voyage depuis 9 ans sur toutes les mers du globe, nous voulons aller jusqu'à Conception, île un peu excentrée des Bahamas. Nous coupons la navigation avec une halte à Plana Cay, nouvelle plage de sable blanc , coraux, poissons multicolores, requin pour Marine... et récolte de coquillages. Vers 16 heures, nous levons l'ancre pour parcourir les 110 miles de nuit. Marc prend son tour de garde de 3h au petit matin, heureux de retrouver les joies de la navigation au long court, le lever du soleil.....et enfin, quelle merveille de s'ancrer à Conception! encore un petit bout de terre  inhabité, faisant parti d'un parc naturel. 

Nous restons 2 jours dans ce petit paradis, balades, planche à voile, même pour Marc, après 20 ans toujours au point, apéro plage. Mais le must c'est la visite de Flipper : Juliette aperçoit un aileron en faisant de la planche. Heureusement, l'aileron est arrondi, mais bon, la rencontre surprend. Elle rentre au bateau et Flipper la suit. Ewen a juste le temps de sauter à l'eau pour nager quelques instants autour du bateau à 20 cm de Flipper, qui finit par repartir voir ses copains dauphins. Instant émotion, surtout pour Ewen qui mettra 48h à se remettre de cette rencontre. On attend maintenant la visite de Oum !



Il nous faut repartir si l'on veut profiter du prochain paradis: les Exumas. On entre dans une région du monde qui est bleue, de tous les bleus de la palette, et qui flashent sur le satellite. Essayez Google earth  et vous verrez ! On se rappelle avec Cécile, qu'étudiants, on avait une photo des Exumas du satellite SPOT : c'était un signe ?!....
Après une traversée rapide au nord de Long Island (des Bahamas), nous voilà à George Town. On ne sait pas ce qu'à fait ce Georges, mais ici, toutes les îles ou presque ont leur « ville à George ».
Premier contact avec la navigation des Exumas, qui se fait avec moins d'un mètre d'eau sous le bateau. Nous faisons une escale ravitaillement, quelques courses, un peu d'internet et des jeux de sociétés sous la pluie. Pas grand chose à y faire, sauf à regarder la Kermesse de la paroisse : ils gagnent les mêmes gadgets inutiles que chez nous...c'est ça la mondialisation.
Le meilleur est ailleurs et nous repartons vers le nord. Courte navigation dans l'océan, nous remontons au près, au nord de Great Exuma Island, la plus grande île des Exumas, pour bientôt  passer Soldier Cut. Là, les couleurs vous sautent aux yeux, des dégradés vertigineux du blanc aux bleus turquoises, puis sombres quand les fonds augmentent...Le peintre a été généreux et il va nous faloir apprendre très vite à lire cette palette merveilleuse qui peut vite devenir une prison si on loupe la veine d'eau pour finir sur le banc de sable ou sur une patate de corail. 
Cartes papiers, électroniques & GPS ne peuvent remplacer une lecture attentive du parcours...alors on avance à petite vitesse dans ce dédale d’îles, alignées sur plus de 100 NM, abritant le lagon. Entre chacune, un passage vous ramène dans l'océan, avec autant de courant que dans le Golfe du Morbihan : ça au moins, on connaît.

Nous nous ancrons pour le déjeuner à White Bay Cay. L'eau est belle , le mouillage protégé, petite baignade et nous remontons vite pour un mouillage de nuit à Lee Stocking Island. On monte au-dessus de l’îlot, la vue est totalement dingue, mais on s'y habitue presque : alors on se pince et on profite. Nous repartons le lendemain pour une nav de quelques miles, avec moins d'eau, plus de sable et de cailloux, mais les couleurs, dans ces conditions, sont une « vraie tuerie », comme dirait Marc! Nous tentons l’improbable passage « east pimblico », nous sommes en sustentation dans un mètre cinquante d'eau... Nous arrivons à Great Guana Cay pour une après midi et une nuit à  Isaac Bay : le site est pour nous, nous sommes seuls dans ce petit paradis. La planche est sortie, on plonge dans l'eau, on escalade...et on profite du coucher de soleil pour un petit apéro-plage. Le lendemain, c'est Bitter Guana Cay et ses iguanes, courte pause avant de rejoindre Staniel Cay. C'est de là que repart Marc. Nous voilà plus aguerris dans la lecture des fonds et nous décidons de passer au plus court pour rejoindre Staniel Cay. Le départ se fait avec 5 nœuds de courant par le travers au milieu des cailloux, pas de problème (voir plus haut!). Ensuite la carte annonce 1 m d'eau, on cale 0,8m, donc ça passe. L'eau varie du bleu foncé à la couleur de l'eau d'Evian...je suis les yeux rivés sur le sondeur, plus que sur le fabuleux spectacle autour..Cécile, qui scrute à l'étrave, me demande combien d'eau à courir sous le bateau : « 40cm » je lui dis, et pour rassurer sa mine inquiète :  « Mais ça remonte ». On est passé, de fait, avec 30 cm sous le bateau: c'est notre record. Staniel Cay s'ouvre à nous, sa grotte (celle de J.Bond dans Opération Tonnerre) et ses cochons qui nagent : Unique ! Nous accompagnons Marc à l'aéroport, enfin un bout de route, un toit et le guichet dans une voiturette de Golf. Nous le quittons à regrets. Nous avons partagé le meilleur des îles, et le voilà reparti avec du bleu plein la tête qu'il va admirer encore du ciel dans le petit bi-moteur qui le reconduit vers Nassau, la capitale des Bahamas. 
Nous restons à Staniel Cay car nous attendons demain Nomade, qui, après Porto Rico, remonte vers la Floride. Joie des retrouvailles et perspective de partager encore quelques moments ensemble, avant que nos chemins se séparent. Après visite de la grotte et avoir nagé avec les cochons, nous remontons vers Little Pipe Cay. Marée basse quand nous arrivons. Nous en prenons plein les mirettes. On pensait qu'on s'habituait : en fait pas ! Il nous faut faire le plein, pour le prochain hiver, qui sera plus rude...
Une nuit à Compass Cay, ce qui permet à Ewen de sortir en Wakeboard (trop fun) et nous allons sous voile, un peu en retrait des îles, vers Warderick Wells Cay : Exuma Park. C'est hallucinant, organisé avec des bouées, dont deux qui nous attendent sans que l'on ait réservé avant d'entrer sur le site..mais ça marche. On se jette à l'eau à peine amarrés ...rien à dire, juste à regarder les photos.



On retrouve aussi Mr et Mrs Fizz qui arrivent le soir. Anonciade nous régale de Langoustes. On partage nos rencontres, des îles visitées, on parle de ce qui nous attend, cette traversée, de la météo... On se quitte après avoir déposé un bois sculpté au nom des bateaux, préparés par Maxence, Juliette et Solène et on devrait retrouver les Fizz, qui partent en même temps que nous.
Dernier mouillage à Schroud Cay avec Nomade, dernier Wakeboard pour Ewen, balade magique dans la mangrove et on se dit à bientôt...En Europe.  

Nous partons vers Eleuthera, île plus au nord, avec du vent et une mer de face qui nous secoue et nous empêche d'aller sur un bord vers Current Island, le passage étroit qui nous permettrait de rejoindre Spanish Wells au plus court. Nous passons au sud pour gagner en confort, en vitesse et nous remontons vers Hatchet Creek, 8 mn avant Spanish Wells, pour éviter d'arriver de nuit. Nous y sommes le lendemain, 13 mai, pour préparer la transat que l'on prévoit le 15. On se met en ordre de marche, pour l'avitaillement, les douanes etc... le modèle GFS nous dit ok, mais les voisins de ponton nous recommandent de consulter la météo côté US. Le modèle ignore les fronts froids venus du nord, annonciateurs de gros orages tropicaux et de grains à 50 kts. Je consulte un routeur, Chris Parker, qui déconseille de partir demain. La fenêtre se referme. Nous attendrons le 20 ou le 21..avec les conseils de C.Parker et il nous faudra faire route directe si possible, pour assurer l'arrivée avant le 14 juin aux acores et pour qu'Ewen puisse repartir pour le Bac de français: l'écrit le 18, et l'oral le 4 Juillet. Partir plus tard nous aura permis de connaître la date des oraux, tardive certes, mais après l'écrit, c'est déjà pas mal. La logistique : amis, tonton, grand-parents se mobilisent pour transformer l'essai. La transat c'est une chose, mais réussir cette année scolaire pour tous, c'est aussi un objectif important...en passe d'être réussi.

Nous voilà donc à l'arrêt quelques jours, dans la Spanish Wells Yacht Haven Marina, pour affronter le mauvais temps, bien à l’abri. En effet, nous essuyons de gros orages, avec plus de pluie en 48h que 6 mois en Bretagne ! Les éclairs ont aussi, semble-t-il, eu raison de notre indicateur de vent. Petite course contre la montre pour récupérer un nouveau boîtier en Floride. Chris, qui s'occupe de la radio locale, fait aussi l’électronique. Il nous aide au mieux, comme tous les gens dans cette île ! Le boitier, qui ne sera là que mercredi 21, nous bloque pour le départ que l'on aurait pu anticiper. On aura en tout cas apprécié les nombreux contacts et l'accueil, même si on aurait aimé être déjà partis, dans ce coin des bahamas qui ressemble à l'Alabama, avec les mêmes bateaux que ceux de la compagnie de crevettes « Buba Gump » dans Forrest Gump. 


On passe une super soirée avec les Dubois, Canadiens de Toronto, qui passent deux années en motorboat avec leurs deux garçons, entre USA et Caraïbes. L'aventure se décline aussi au moteur !

H-24. Une transat nous attend. on ne sera pas seuls sur l'eau : Petite terre nous devance (Il s'approche des Bermudes), En arbenn a trouvé des vents portants et on espère faire un bout de route avec Mr Fizz.....


A bientôt de l'autre côté de la mare aux harengs !

samedi 19 avril 2014

BRITISH VIRGIN ISLAND (BVI)

Nomade nous attend à Trellis Bay. Nous sommes ravis de nous revoir depuis le Marin. Ils parcourent les BVI depuis 3 semaines et connaissent les meilleurs coins. 
Le soir, ils accueillent Alain, Mimi, Charlotte et Justine en vacances pour 15 jours . Nous décidons de naviguer ensemble, en nous laissant guider (quel confort pour le capitaine!) par les bons conseils de Christophe pour les coins à visiter, les mouillages et aussi pour régler notre Zen au mieux,   pour rester dans le sillage. Ils nous devancent toujours d'une ou deux longueurs, parfois plus, mais c'est un plaisir immense que de naviguer de conserve à deux Outremer. Ewen enrage parfois car nous sommes trop lourds, que le code 0 ne fait que 50 m2 et que sa mère est trop timorée!  Bref, on discute et on profite de faire des photos des 2 bateaux, lancés dans l'archipel des BVI.
Nous commençons notre visite des îles par Deadman Bay sur Peter Island, puis les Baths, morceaux de granit posés dans l'eau transparente. On retrouve Petite Terre à North Sound et le lendemain, la flotille prend le large vers Anegada afin de profiter du retour au calme de la houle de nord. Cette île a un petit côté « barbudien », avec ses grandes plages sur lesquelles nous osons le beach volley, le lancer de claquettes, nique-nique très organisé sous tente « berbère », de vrais nomades, et le programme qui rivalise avec Koh Lanta, avec l’épreuve terminale sur parpaing !

Pour se remettre de nos émotions, nous terminons notre séjour par une dégustation de langoustes , puis swing acharné sur le « dance floor »...en sable. Solène s'avère être une danseuse de limbo performante et rivalise avec un danseur local : tout le public est acquis à sa cause : cela lui vaudra un jus de fruit et de nombreux cheks et félicitations.

Revenus d'Anegada, nous parcourons les îles de l'archipel :  snorkelings de rêve, de gros tarpons, baracudas et carangues, survolés par des pélicans très gloutons, à Monkey Bay sur Guana Island. Pause sur  l'île de Jost Van Dyke,  magnifique plage de White Bay, avec ses bars décorés et ses américains buvant la bière dans l'eau, supportés souvent par une « frite » ! Escale à Little Jost Van Dyke et le lendemain nous faisons notre plus belle plongée sur Pelican Island où enfin, faune fixée, poissons, tombants sont réunis pour nous offrir des vues magnifiques. Malheureusement nous y laissons la Go pro d'Ewen... qui n'a pas aimé que la boite étanche reste ouverte pendant la plongée !!!!
Ces îles offrent un terrain de navigation très protégé et de courtes distances. Ce sont des îles assez montagneuses recouvertes de végétations proches de la méditerranée mais sans les pins. Les palmiers se font rares hormis sur les plages bordées d'hôtels de luxe. 
Nous retrouvons avec grand plaisir Okamaugo et Paï-Mé pour quelques jours avant que nos chemins nautiques se séparent définitivement. Ça sent de plus en plus le retour ! Alors on profite des bateaux copains, avec qui nous partageons nos rêves, nos passions, nos doutes et nos navigations depuis quelques mois.

Ces belles rencontres sont aussi un grand moment de notre voyage. Bientôt nous allons faire des routes différentes ou partir sur des routes similaires comme avec Nomade et Petite Terre vers les Bahamas : mais le terrain de jeu est immense, plus grand que l'arc antillais. Alors on met au point des stratégies pour se retrouver, jusqu'à la BLU qui n'avait pas servie jusqu'à présent. On va se donner un RDV quotidien avec Aurélien et Christophe, pour pouvoir se parler, même loin, et bientôt partager en direct, les moments forts de la Transat qui se profile pour nous tous.


Le vent monte, nous trouvons refuge au nord de l'île pour trois jours encore, nous préparons la suite...400 MN vers les Turks and Caicos, sable blanc, eau limpide..où nous retrouverons Marc, équipier de choc pour la partie la plus à l'ouest de notre périple. 


PS : NON, VOUS NE REVEZ PAS...on est le 19 avril 2014, on part demain aux Turks & Caicos..c'est dire que ce blog est à jour, pour la première fois depuis quelques mois : ça se fête!